Correspondance de l'Imperator n° 3
À : Imperator Ombrépée
Objet : Votre soutien
En tant qu'Imperators, je crois qu'il est important que nous conservions notre professionnalisme jusque dans nos interactions personnelles, et je ferai donc de mon mieux pour ignorer votre conduite lors de notre retraite tactique face à l'embuscade de la Légion du Givre.
Si mes méthodes vous posent problème, je me permets de vous rappeler que vos agents doubles n'ont pas accompli grand-chose à part se faire attraper, tout en mettant régulièrement mes Charrs en danger avec leurs fanfaronnades. Il est vrai qu'ils ont découvert cette grotte, mais à part cela, j'ai du mal à voir en quoi ils ont contribué à l'effort de guerre. En vous accordant le bénéfice du doute, on pourrait penser, à la rigueur, que vous avez vous-même décidé de dissimuler ces contributions.
Vous avez affirmé que je ne serais jamais Khan-Ur, comme si j'avais besoin de votre permission pour accéder à ce titre. Vous ne semblez pas avoir pleinement saisi la nature de notre situation actuelle.
Jusqu'à récemment, nous nous portions très bien sans Khan-Ur. Chaque Légion contrôlait les siens, la compétition restait cordiale, et le Fer savait toujours ce que les Cendres avaient en tête. Mais Bangar a mis fin à tout cela.
Nous n'avions pas besoin de Khan-Ur, car tous les Imperators s'étaient mis d'accord sur le fait que l'équilibre des pouvoirs était préférable. Et c'était le cas, jusqu'à ce que cet équilibre disparaisse. À présent, notre peuple est divisé en deux : l'Empire et les Légions. L'un veut soumettre l'autre, et il est allié avec un dragon ancestral. S'il l'emporte, c'est la fin des Charrs. Sur ce point, je suis d'accord avec vous. C'est pour cela qu'il ne suffira pas de tuer Bangar. Il faudra aussi tuer ses idées. C'est le seul moyen de l'emporter.
Peut-être qu'un jour, nous pourrons retrouver les Légions que nous connaissions autrefois, mais je crois que vous vous accorderez avec moi pour dire que, jusqu'à ce que l'ensemble de notre peuple ait retrouvé la raison, nous avons besoin d'un chef fort, qui a déjà prouvé qu'il était capable de rallier tout le monde, même les anciens ennemis. Il n'y a qu'ainsi que nous pourrons éviter que la catastrophe que nous sommes en train de vivre ne se reproduise.
Vous et moi, nous avons eu nos désaccords par le passé, mais cette fois, nous pouvons nous entendre. Sachez simplement ceci : quand l'heure viendra, je compterai sur votre soutien.
— Smodur
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L'Épopée du givre