Beauté estivale : À sa mémoire
Cet ouvrage peut être lu en parcourant le mémorial des défunts de la fractale du Pic de Sunqua.
Beauté estivale : À sa mémoire
Si je devais résumer sa vie à un moment, une particule flottant, suspendue, dans les couloirs du temps, où la trouverais-je ?
Serait-elle le portrait d'une enfant jouant pieds nus dans une crique peu profonde, lançant en l'air le contenu de ses mains en coupe ? Vit-elle dans des brins d'herbe sèche et d'hortensia suspendus dans les airs, attendant d'être entraînée dans l'inspiration douce de l'été ?
Ou bien est-elle le parfum de l'automne, se répercutant dans les feuilles agiles qui volètent sur un chemin de terre. Est-elle prise dans un courant ascendant de bruns et de rouges brûlés teintés d'un soupçon d'orange ? Flotte-t-elle au-dessus d'empreintes de pas boueuses, comme si elle éteignait une flamme si fragile qu'on se demanderait si elle existe ?
Peut-être.
Pourtant, je ne la reconnais pas dans les poumons glacés de l'hiver. Pas dans la façon indifférente dont il retient son souffle froid plus longtemps qu'il ne le devrait. À mes yeux, elle ne ressemble pas au lac gelé ou à la neige qui danse sur le sable froid qui s'amoncèle, blanc comme des cendres sous un bûcher mourant. Je refuse de la voir dans la silhouette d'une vie gelée face au néant de la nuit.
Non, ce n'est pas elle.
Par contre, je crois qu'elle pourrait être le premier souffle du printemps, accordant la vie par son éclosion, minuscule, imperceptible, fleurissant comme de petits rayons de divinité. Je la sens dans les pétales de chaque lilas, né béni par l'aube. Là, j'éprouve du réconfort à la voir ressuscitée dans chaque instant en un être parfait, parfait dans le sens ou le dernier souffle de l'été est parfois tout ce que nous avons pour tenir jusqu'au printemps.
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